Le 8 décembre était la dernière date de l’année 2021 du régime de huit dates préétablies annuellement par la Banque du Canada pour annoncer des modifications éventuelles de son taux directeur (taux cible du financement à un jour). Malgré les pressions inflationnistes (le taux d’inflation était de 4,7% en octobre, variation sur 12 mois) et une reprise économique vigoureuse (le PIB canadien a crû de 5,5% au troisième trimestre), la Banque du Canada a décidé de maintenir son taux directeur à sa valeur plancher de 0,25%. Nous ferons ici le point sur cette décision et apporterons quelques éclairages sur l’évolution du taux directeur en 2022.

La Banque du Canada opte pour la prudence et le soutien de la reprise économique

La Banque du Canada a maintenu donc son taux directeur à sa valeur plancher de 0,25% et ses projections à la hausse ne sont pas prévues avant le deuxième et le troisième trimestre de 2022. Le Conseil de direction de la Banque du Canada justifie cette décision par la nécessité de soutenir davantage la reprise économique, notamment en raison de l’incertitude qui plane sur l’économie mondiale, avec l’apparition de nouveaux variants de la COVID-19 et l’importance des dégâts occasionnés par les inondations en Colombie-Britannique. Dans son communiqué aux médias, le Conseil de direction estime que l’économie du pays présente encore des capacités excédentaires de production, c’est pourquoi la Banque du Canada maintient son taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que ces capacités excédentaires se résorbent progressivement, de sorte que la cible d’inflation de 2% soit atteinte d’une manière durable. Selon la projection d’octobre de cette institution, l’objectif de ramener l’inflation à sa cible de 2% serait atteint au troisième trimestre 2022.

Par ailleurs, la croissance économique continue de progresser pour atteindre environ 5,5% au troisième trimestre 2021, tirée par un rebond de la consommation, notamment celle des services après l’assouplissement des restrictions et l’augmentation du taux de vaccination, ce qui a fait grimper la confiance des Canadiens en l’économie. Du côté de l’offre, il est à noter la présence des goulots d’étranglement (obstacles) qui entravent la croissance d’autres composantes du PIB, en particulier les exportations hors produits de base et les investissements des entreprises.

Les hausses du taux directeur sont inéluctables en 2022 ?

Avec la résorption progressive des capacités excédentaires de l’économie et la hausse persistante de l’inflation, il sera difficile de justifier encore le maintien du taux directeur à son minimum en 2022. Au chapitre de l’inflation, la Banque centrale s’attend encore à ce que l’indice des prix à la consommation (IPC) demeurera élevé le premier semestre de 2022 avant de redescendre vers 2% dans le second semestre. L’inflation est surveillée de près par cette institution pour s’assurer que les forces faisant augmenter les prix (coût de l’énergie, pressions sur les salaires, demande des ménages avec l’épargne accumulée, perturbation des chaines d’approvisionnement, etc.) n’ont pas, au final, une influence durable sur l’inflation. Devant une inflation vigoureuse, l’institution monétaire d’Ottawa serait contrainte d’augmenter son taux directeur pour ramener l’inflation autour de la cible de 2%, en ralentissant la demande. Les acteurs financiers et les emprunteurs (entreprises, ménages, organismes…) sont donc avertis d’une série de hausses du taux directeur vers le deuxième semestre de 2022. Dans cette perspective, quatre dates du calendrier préétabli par la Banque du Canada (13 juillet, 7 septembre, 26 octobre et 7 décembre) pour des éventuelles hausses de son taux directeur sont donc à surveiller en 2022.

Sofiane Idir

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