Depuis 1992, la Banque et le gouvernement du Canada ont adopté un régime de ciblage de l’inflation, qui vise un taux de 2%. La Banque du Canada fait varier son taux directeur à la hausse ou à la baisse pour atteindre cette cible, qui représente le taux d’accroissement de l’indice des prix à la consommation (IPC). Ce régime de ciblage a été reconduit la dernière fois en octobre 2016 pour une période de cinq ans, prenant fin en 2021.

Pendant la pandémie de COVID-19, plusieurs facteurs peuvent faire varier le taux d’inflation (baisse du prix du pétrole, augmentation des prix de l’épicerie, mesures gouvernementales, etc.). Par ailleurs, les changements de comportements des consommateurs pendant cette crise peuvent avoir un impact important sur la réalité elle-même de l’inflation. Dit autrement, le panier fixe de biens et services servant comme indicateur de la variation du niveau général des prix à la consommation est-il toujours pertinent ?

L’inflation au temps de la COVID-19

L’indice des prix à la consommation (IPC) publié par Statistique Canada pour juillet 2020, qui mesure l’évolution du niveau moyen des prix des biens et services consommés par les Canadiens, indique un taux d’inflation de 0,1 % (variation sur 12 mois) pour l’ensemble du pays.

Le faible taux d’inflation qui demeure en deçà de la cible de la Banque du Canada (2%) est expliqué par les effets déclenchés par la crise sanitaire et la chute du prix du pétrole. Bien que les coûts de l’épicerie soient grimpés, cette augmentation a été contrebalancée par la baisse des coûts liés aux logements (taux d’intérêt), transport (essence) et tourisme (hébergement et restauration).

La pandémie de COVID-19 aurait changé la réalité de l’inflation au Canada

Pour mesurer l’inflation, la Banque du Canada utilise les données mensuelles de l’indice des prix à la consommation (IPC) et ce depuis 1914. Cet indicateur mesure l’évolution du coût de la vie des Canadiens, en se basant sur un panier représentatif de biens et services achetés généralement par les Canadiens. Le panier de l’IPC canadien est composé de huit catégories de biens et services : aliments, logements, dépenses courantes, ameublements et équipements du ménage, habillements et chaussures, transports, santé et soins personnels, loisirs, formations et lecture, boissons alcoolisées et produits du tabac.

Or, depuis le début de la crise sanitaire, les habitudes de consommation des Canadiens ont beaucoup changé au point de rendre moins fiable l’IPC utilisé pour suivre l’évolution de l’inflation. En effet, selon Statistique Canada, les consommateurs canadiens ont dépensé davantage sur des biens et services ayant moins d’importance dans le calcul de l’IPC, alors qu’ils ont déboursé moins pour des articles qui pèsent beaucoup dans le panier de l’IPC, comme le carburant. Cette transformation creuse l’écart entre la perception et la réalité de l’inflation chez les Canadiens selon Lawrence Schembri, sous-gouverneur à la Banque du Canada, dans son discours par vidéoconférence devant l’Association canadienne de science économique des affaires (25 août 2020). Beaucoup de Canadiens croient, en effet, que le taux officiel de l’inflation ne reflète pas l’augmentation des coûts de la vie dans le pays.

Cet écart influence sur la confiance des Canadiens à l’égard de la Banque du Canada, c’est pourquoi cette institution a lancé une consultation publique en ligne (Parlons inflation) afin de recueillir les avis des Canadiens sur une série de sujets, qui va de l’inflation à la politique monétaire de cette institution.

Sofiane Idir

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