Dans son livre Descartes pour les jours de doute[1] Marie Robert focalise son analyse sur douze philosophes en prenant comme support leurs écrits : Jean Jacques Rousseau (Discours sur les sciences et les arts « 1750 », Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes « 1755 », Du contrat social, Emile ou De l’éducation « 1762 »), Montaigne (Les Essais « 1572 »), Descartes (Discours de la méthode «1637 », Les méditations métaphysiques « 1641 », Foucault (Les mots et les choses « 1966 », Surveiller et punir « 1975 », Sartre (La nausée « 1938 », L’être et le néant « 1943 ») Voltaire (Œdipe « 1718 », Candide ou l’optimisme « 1759 », Traité sur la tolérance « 1763 », Dictionnaire philosophique portatif « 1764 ») Paul Ricœur (Temps et récit « 1983 »), Simone de Beauvoir (Le deuxième sexe « 1949 »), Albert Camus (Noces « 1939 », L’étranger « 1942 », Caligula « 1945 ») Paul Valéry (Choses tues « 1930 », Baudrillard ( Le crime parfait « 1995 »), Simone Weil (Leçons de philosophie « 1959 »).

  • Contexte et mise en situation :

Le quotidien est sujet à des situations qui demandent un moment de recul, de réflexion pour ne pas se laisser emporter par les secousses qui ébranlent le corps et l’esprit. En se servant des livres philosophiques, l’attention se canalise. Jean Jacques Rousseau est cité comme exemple dans l’éducation dont la citation « Oserai-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l’éducation ? Ce n’est pas gagner du temps, c’est d’en perdre ». Montaigne dans ses Essais traite de nombreux sujets. Il est question essentiellement du respect de la cadence personnelle : « Pour lui, rien n’est plus inutile que chercher à conquérir les honneurs, la gloire ou l’immortalité. Ce que nous érigeons comme des objectifs sont bien souvent des illusions, qui plutôt que de nous porter et de nous motiver, nous coupent un peu plus de nous-mêmes »[2]. Descartes donne de l’importance au concept du doute qui : « Douter n’est pas vain, c’est avant tout se donner les moyens de s’orienter dans la pensée »[3]. Foucault « étudie toutes les facettes du pouvoir et cherche à secouer les habitudes de pensée. Tout ce qu’il faut pour nous aider à désobéir »[4]. Sartre rappelle l’idée de la honte qui « dans sa structure première est honte devant quelqu’un ». Le remède à cela c’est bien de s’entourer positivement. Voltaire est la référence de la tolérance. Suite à l’affaire du protestant Jean Calas, accusé à tort d’avoir assassiné son fils qui voulait se convertir au catholicisme, François-Marie-Arouet dit Voltaire tente de convaincre que l’ouverture aux autres est loin d’être une menace. C’est ce qu’il prône dans Traité sur la tolérance : « La discorde est le plus grand mal du genre humain, et la tolérance en est le seul remède ». Paul Ricœur cerne deux aspects de l’identité : La mêmeté qui est fixe et l’ipséité qui change. Ces deux facettes sont complémentaires et rejoignent la citation : « Que quelque chose persiste en changeant, voilà ce que signifie durer ». Simone de Beauvoir accorde de l’intérêt à la femme en l’exhortant à devenir maîtresse de son quotidien et de refuser l’idée d’être secondaire. Sa pensée : « La femme libre est seulement en train de naître » est applicable aux inégalités subies. Albert Camus loue la richesse de la nature. C’est elle qui offre l’opportunité de se rapprocher de soi-même et de prendre conscience des qualités d’autrui. Paul Valéry parle de la timidité qui est un frein à l’action. Il explique qu’il faut oser ignorer pour pouvoir agir. L’auteure Marie Robert rappelle deux genres d’ignorants : ceux qui ignorent vraiment et les autres qui ne savent pas tenir compte de ce qu’ils savent. Baudrillard montre que le virtuel a évincé le réel. Entre hyper-réalité et la réalité intégrale, il est question d’être en mesure de se discipliner et de prendre le dessus sur l’hyper-réalité. Il écrit : « Il faut vivre en intelligence avec le système, mais en révolte contre ses conséquences, il faut vivre avec l’idée que nous avons survécu au pire ». Simone Weil évoque la maîtrise de soi et la volonté de se battre. Dans cet entre-deux, il faut avoir les idées claires pour ne pas reculer.

Descartes pour les jours de doute peut être considéré comme un aiguilleur des pensées qui tendent à se fourvoyer.

Lamia Bereksi Meddahi

[1] Ed/Flammarion-Versilio, 2019.

[2] Id, p. 38.

[3] Ibid, p. 53.

[4] Ibid, p. 68.

 

Feuilleter des extraits

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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