Dans une société où le népotisme règne, l’homme se transforme en un esclave qui sert le maître. Craignant une mauvaise réputation, il se soumet jusqu’à épuisement. Sarah a été découverte par son mari Driss, dès son retour de la fête où il était censé remplacer le commissaire Rachid Baaz, dans un état qui fait penser à un viol. Agressée pendant son absence, il était logique qu’il la console et qu’il se rapproche d’elle pour la sortir de ce choc qu’elle venait de subir.

Or le comportement de Driss est tout autre. Il se replie sur lui-même, refuse tout contact physique au point où le brigadier Farid Aghroub le trouve dans un hôtel malfamé du vieux Tanger, complètement nu à côté d’une prostituée. Cette escapade explique les jalons de l’histoire.

  • L’arbre qui croit cacher la forêt

La plus grande des erreurs c’est de se focaliser sur ce qu’on nous dit et de ne pas prendre le temps d’en vérifier sa crédibilité : « Ce que je trouve intéressant dans la vie, mon pauvre, c’est l’empressement des gens à prendre pour argent comptant tout ce qu’on leur balance à la figure »[1]. Ce qui est rapporté est souvent le fruit d’une sensation imprimée sur une seule personne. Elle est relayée pour ne laisser aucune place aux faits réels. À la lumière de cette idée, toute l’histoire sur laquelle repose le roman, est basée sur la recherche du suspect. Qui a osé s’en prendre à la fille d’Abderrahmane Chorafa ? Qui a pu porter atteinte à l’honneur du lieutenant Driss ?

L’outrage fait à Sarah Ikker donne une vision sur le sens aigu de l’honneur. En prenant le personnage Sarah comme point central du roman et en mettant l’accent sur la scène du pseudo-viol, l’auteur dévoile toute une culture qui repose essentiellement sur l’image de soi dans la société.

L’outrage fait à Sarah Ikker, Yasmina Khadra, Roman, Paris, Ed/ Julliard, 2019, 275 pages.

Lamia Bereksi Meddahi

[1] P. 138.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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