Le Parc Mont-Royal était ce samedi 25 juin 2016 un haut lieu de recueillement et une cérémonie d’hommages en l’honneur du chanteur rebelle Matoub Lounès qui a été assassiné un jour de 25 juin 1998. Dix-huit ans déjà mais la mémoire du chantre de l’amazighité, de la liberté et l’icône incontournable de l’identité Amazigh de la contestation, demeure plus que jamais vivante.

Le choix de la colline qui surplombe le Lac aux Castors au parc du Mont-Royal n’est pas fortuit d’après Madame Djamila Addar, initiatrice de l’événement avec le collectif «Esprits Libres» : La colline (à défaut d’une montagne) est très symbolique et chargée de sens dans le combat de Matoub Lounès, car l’artiste l’a toujours évoqué et revendiqué haut et fort la montagne est sa vie et a même matérialisé sa conviction en une chanson dont le titre phare Idurar  I D  Laamriw (Les Montagnes c’est ma vie) qui résume à elle seule la nature du combat de Lounès.

Lors de cette cérémonie du recueillement, Monsieur Hassan Ziani militant de la cause amazigh, artiste, poète, chanteur et parolier du groupe Idefllawen a tenu à rappeler à l’assistance le parcours et le combat de Matoub Lounès en partageant quelques anecdotes, car l’artiste a bien connu le rebelle. C’était aussi une occasion pour lui dédier un poème récité devant l’assistance suivi d’une chanson dont le titre phare A Muhand A Ya Ghudu.

Plusieurs autres personnes ont pris la parole pour l’occasion : Farid, un natif d’Ait Douala (la même région de Matoub) a évoqué le combat de l’artiste  et de l’homme simple, généreux, brave et très sensible à sa société.  Honorer ce chantre cet après-midi n’est presque rien comparativement à ce qu’il a donné à son peuple tout au long de sa vie et ce jusqu’à son dernier souffle. Karima estimait que le combat de Matoub Lounés s’inscrit dans la continuité, car rien n’est réglé pour autant pour les peuples berbères de l’Afrique du nord. Tayeb a pour sa part tenu à nous rappeler que Lounès, c’est aussi le combat de tous les peuples opprimés, le combat de la famille qui avance, c’est porter et assumer son identité avec fierté. C’est  aussi l’audace et s’affirmer entre les peuples du monde mais aussi de ne pas oublier le combat d’autres hommes tombés sous les balles assassines comme Tahar Djaout, Saïd Mekbel, Yefssah…c’est aussi le combat de Kateb Yacine et Mammeri et tant d’autres.

Djamila Addar est aussi revenu sur le parcours et le combat de l’icône de l’Amazighité et de l’identité avant de clore la cérémonie pour évoquer l’importance du travail de mémoire. Cette journée se voulait être un moment fort de mémoire dans le respect de l’homme, dans la décence et  un hommage à la hauteur de ce rebelle qui été nommé l’école George Vannier de Laval (Québec) comme trois personnalités importantes d’Afrique du nord et Matoub aux coté de Kateb Yacine, Daffar Benmesbah.

Avant de quitter la petite colline qui surplombe le Lac aux Castors, une petite brise souffla dans le silence malgré la présence en force des randonneurs de tout acabit pour profiter de cette belle journée ensoleillée du 25 juin 2016. Cette date symbolique était choisie pour nous rappeler la disparition d’une étoile au nom de Lounès Matoub, qui a vécu comme il l’entendait en tant que rebelle qui s’est fait de la place dans la lignée des grands hommes qui ont marqué leur époque à l’image de William Wallace qui un a dit jour : « Tous les hommes meurent un jour, mais peu d’entre eux vivent vraiment». Lounès a vécu et vivra encore, car le poète est toujours parmi nous et puis : un poète peut-il mourir vraiment?

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