Originaire de Casablanca au Maroc, Kamal Benkirane vit au Québec depuis 2001. Il est chroniqueur, romancier nouvelliste et poète. Il est membre de l’alliance des Professeurs de Montréal. Il a publié en 2009 aux éditions L’Harmattan « Culture de la masculinité et décrochage scolaire des garçons au Québec ». L’ouvrage s’intéresse aux préoccupations suscitées ces dernières années par le décrochage scolaire des garçons dans la société québécoise et les diverses tentatives pour trouver des solutions efficaces. Il a aussi publié trois recueils de poésie : « Les ormes diaphanes » en 2005, « Feuillets des matins roses » en 2007 et « Dans la chair du cri » en 2009. Le fondateur de « E-Passerelle » organise régulièrement des rencontres littéraires à l’image de celle qui était programmée au Centre Simon Bolivar en juin dernier. Ce poète dans l’âme se confie au journal :

L’initiative : Dans « Feuillets de l’aube », on ressent une certaine mélancolie, y a-t-il raison à cela ?

Kamal Benkirane : Je considère, comme beaucoup de poètes d’ailleurs, que la mélancolie c’est une patrie pour le poète. Au fait, ce recueil regroupe des textes écrits bien avant et des textes contemporains. Il y a beaucoup de sentimentalité dans les textes, décrit par rapport à des expériences de vie. Je ne pense pas qu’on puisse écrire un poème d’amour sans une certaine charge de mélancolie qui est souvent affiliée à l’amertume de l’amour et ses joies. Ce qui est émouvant est par essence mélancolique, et c’est cette mélancolie qui donne une certaine profondeur au texte. Je pense finalement que les raisons de cette mélancolie restent affiliées à nos questionnements existentiels et au sens qu’on donne à ces questionnements.

Les thèmes de l’amour, de la liberté et de l’espoir sont très présents dans « Les ormes diaphanes »…

En effet, dans « Les ormes diaphanes », c’est un vécu et une vision de la vie relaté à travers ces thématiques essentielles à notre survie. Il est toujours plausible de voir le lecteur se reconnaître dans ces thèmes. La liberté et l’espoir sont des revendications intimes pour un monde meilleur, et malheureusement les politiques tentent souvent de fausser les définitions. Ce sont aussi des thèmes qui se complètent, et qui permettent à la personnalité humaine de grandir, de mûrir et surtout de s’engager. Des poètes tels que Baudelaire, Argon, Pablo Neruda, Khair-Eddine, Tahar Djaout, et bien d’autres nous décrivaient le rapport au quotidien avec un extraordinaire hommage à la vie, à l’amour, à la liberté et à l’espoir.

Dans « la chair du cri », on sent un certain sens de l’engagement, et tu te réfères souvent au Maroc. Est-ce par nostalgie ?

Oui, la nostalgie est présente, elle va de pair avec le choc culturel qui, généralement ne dure pas juste la première année, mais toutes les années qui suivent. Bref, « L’international aguerri » dans ce recueil a fait du chemin, et somme toute la présence du pays dans les veines est inébranlable. Et si ce n’est que pour paraphraser l’un des livres de Danny Laferriére, « L’énigme du retour » et donc cette volonté énigmatique de retourner aux racines, cela fait partie des questions permanents sur l’identitaire et de la double appartenance. Pour l’engagement, je suis très sensible aux droits humains et à la question de la question de la Palestine qui est ancrée dans l’imaginaire collectif arabe. Je pense que tout poète devrait être investi du devoir moral d’écrire non seulement pour lui et pour ses lecteurs, mais aussi pour des causes humaines, être un porte-parole, une passerelle pour la paix et la fraternité, c’est mon humble opinion.

Dans une époque très facebookienne, est-il facile de partager ton amour pour les mots?

Facebook a permis une large diffusion de la littérature et surtout une démocratisation des arts menée par la société civile et des citoyens issus de toutes les allégeances artistiques. Plusieurs auteurs ont des tribunes sur Facebook et ceci leur permet d’échapper à un certain ordre établi par un establishment culturel et littéraire. Facebook a permis des connexions extraordinaires pour monter des projets potentiels loin de l’archaïsme des moyens traditionnels de communication. Je pense que c’est facile de partager mon amour pour les mots par Facebook, je n’en fais cependant pas le moyen ultime, ni un tremplin.

Propos réaccueillis par Réda Benkoula

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