En l’an 622, soit à la 12e année de la révélation, Médine, connue avant sous le nom de Yatrib, située à 400 km au nord-est de la Mecque, devint le centre de l’Islam, d’où, allait rayonner le nouvel ordre.

Douze ans après la révélation survenue, la première fois, sur la colline de Hïra, non loin de la Mecque en l’an 610, et pour résister aux pressions de l’establishment (l’ordre établi), idolâtre, le prophète Mohamed (que le salut soit sur lui) choisit Médine comme destination d’exil en 622, où il comptait déjà un nombre important de fidèles, parmi sa population.

Durant les premières années de la révélation, le messager d’Allah et ses compagnons devaient subir les atrocités des maîtres de la Mecque, paradoxalement parmi sa tribu –Koreich-. L’islam, message de paix, d’équité, d’éthique et de justesse, perçu par l’establishment idolâtre, comme menaçant et compromettant les gros intérêts, allait en être la cible. Les maîtres de la Mecque, parmi Koreich, riches et propriétaires, à la tête d’un riche réseau de commerce entre le Nord et le Sud de l’Arabie, aristocrates puissants, gardiens des idoles et du temple occupé de la Kaaba, voyaient dans le nouvel ordre de l’islam une grave menace à leur puissance et intérêts. Ils furent plus que jamais, décidés, de mobiliser toute leur force, pour contrecarrer la propagation de l’islam, et arrêter l’action du messager. Depuis, le prophète et ses compagnons allaient vivre les atrocités d’un ennemi déterminé et puissant. Ils vivaient dans le secret, leur religion, et ne pouvaient révéler leur foi. Résistant aux tentatives incitatives de Koreich et à ses menaces, le messager devient une menace à leurs yeux. Devant la persévérance du prophète et de ses compagnons, et voyant à quelle vitesse l’islam se propager, malgré toutes les entraves, Koreich décida alors, de tuer le prophète.

Averti, le prophète décida de s’exiler à Médine, où il comptait déjà un nombre important de fidèles parmi sa population, pour poursuivre la propagation du message révélé.

La veille, et averti du complot le visant, il demanda à son compagnon et cousin Ali Ibn Abi Taleb de dormir sur son lit, et parvint ainsi à dérouter les regards de Koreich qui le guettait. Accompagné de son compagnon Abou-Bakr, il quitta la Mecque en direction de Médine. Alors que ses ennemis à ses trousses, il trouva refuge dans une grotte appelée Ghar-Thaour, et avec la grâce de Dieu, il put les éviter et poursuivre son parcours.

Depuis, cette date est adoptée comme début du calendrier musulman lunaire, connu sous l’appellation hijri, hégire, qui signifie exil.

Lors d’un court séjour de transition à Quba, non loin de Médine, le prophète construisit sa première mosquée. À Médine, où il atterrit quelque jours plus tard, le prophète et ses compagnons d’exil (El-Mouhajirounes), reçurent un bon accueil de la part des médinois (El-Ansar).

À Médine, toute la cité était à l’accueil. Une fois apparus à l’horizon, le prophète et son compagnon furent accueillis avec joie et chants, dont le plus célèbre –Talaa al badrou aleyna…- (La lune surgit à nos horizons…)

Une fois à Médine, alors que la population interceptait sa chamelle, et tous couraient à son accueil, et se disputaient le privilège de le recevoir, il demanda, dans une intention d’équité, qu’on laisse la chamelle poursuivre son parcours, car révélateur ; et le récit indique que c’est dans un lieu appelé Al-mirbad, que la chamelle du prophète s’est accroupie, et l’endroit fut choisi, comme lieu pour l’édification de la mosquée, au cœur de la nouvelle cité. Le prophète ordonna l’achat de la parcelle pour que la grande mosquée de Médine y soit construite. La grande mosquée, centre névralgique de la nouvelle cité et pôle de l’activité, spirituelle, sociale et politique, était un bâtiment simple, composé d’une galerie couverte, à nefs parallèles au mur de la qibla, (qui fut à son début orientée au Nord vers Jérusalem), prolongée d’une cour. Sur le côté est, ont été édifiées les demeures du prophète, qui ont servi aussi de lieu d’enterrement du prophète, et de ses compagnons : Abu Bakr et Omar. La mosquée, de 1060 m2 de superficie à son début, mesurait 35 m de long sur 30 de large, et ses murs s’élevaient à 2 m.

Dans l’esprit des fondateurs, et dans un contexte d’austérité, c’est surtout la fonction qui prime, et aucun intérêt n’était accordé à l’apparence, à la décoration et l’extravagance. Des matériaux simples tirés du milieu même : terre et pierraille et bois de palmier. Des formes pures et simples, de quoi juste satisfaire les exigences fonctionnelles.

L’heure était à l’établissement du nouvel ordre moral, social, politique et institutionnel. À Médine allait prendre racine la nouvelle civilisation, celle de l’Islam. Une nouvelle société y voit le jour, où règnent paix, équité et harmonie, et où musulmans, juifs et chrétiens allaient vivre en harmonie et dans le respect. À Médine, sont édifiés les fondements du nouvel État, régi par une constitution de droit, que le prophète institua sous le nom de la Charte de Médine, garantissant à tous, droits et statuts. Et, tout vibrait au son de la dynamique des valeurs et des idées. De Médine, allait rayonner la civilisation de l’Islam.

La nouvelle cité allait s’articuler autour de trois lieux : al-jamii, al-rahba et al-maskan. Chacune de ces trois fondations allait constituer le centre à son échelle, et le pôle d’où allaient rayonner l’activité sociale, spirituelle et économique. Chaque lieu traduit son nom : al-rahba, signifie l’immensité, pour désigner le lieu de rencontre et de négoce ; al-jamii, qui signifie le rassembleur pour désigner la mosquée principale, centre de l’activité spirituelle et sociale ; al-maskan, qui signifie le lieu de recueillement, pour désigner le foyer et l’habitat.

Le modèle de la mosquée hypostyle de Médine allait servir de référence aux mosquées qui allaient lui succéder. Dans ce contexte de défense et d’établissement des fondements de la nouvelle cité et de son ordre, à l’aube de l’Islam, l’heure était à l’essentiel. On retient surtout à travers le message du prophète qui prit part personnellement à la construction de la mosquée, et aux autres fondations de la cité, que l’acte de bâtir est un acte de foi, surtout lorsqu’il s’agit de fondation pieuse, destinée au bien-être de la collectivité.

À Médine, le prophète a eu le temps d’agrandir ses rangs et d’établir son autorité. Seulement huit ans plus tard, soit en l’an 8 de l’hégire, correspondant à 630, de notre ère, le prophète et ses compagnons revinrent en force, triomphant, vainqueurs, et reprirent la Mecque. Le prophète, noble et généreux, lança du centre de la Kaaba, en s’adressant à la population de la Mecque, auparavant hostile, « Qu’attendez-vous de moi ? » et poursuivit devant des regards craintifs et attentifs : « partez-vous êtes libres ». Il offrit aux ennemis d’hier, paix et salut, et parvint à unifier en peu de temps, toute l’Arabie autour de l’Islam.

De Médine, allait rayonner l’Islam et sa civilisation à travers le monde et marquer l’histoire de l’humanité à jamais.

On retient de l’hégire, la leçon de la paix, de la persévérance, du courage et de l’espérance. On retient de l’hégire la morale de l’éthique, de l’humanisme et de la foi.

Dr Brahim Benyoucef

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