Les attentats perpétrés à Paris le 07 janvier 2015 contre Charlie hebdo et le 13 novembre 2015 dans la salle Bataclan sans épargner les innocents assis dans des terrasses de café ont incité à réfléchir sur les raisons de cette violence. Sous la direction d’Eric Fottorino : Edgar Morin, Tahar Benjelloun, Olivier Roy, Hélène Thiollet, Michel Foucher Hosham Dawod, Michel Ofray, Dounia Bouzar, Laurent Greilsamer, Raphaêl Liogier, Dominique Shnapper, Henry Laurens, Jean-Christophe Rufin, Gilles Kepel, Leila Slimani, Gérard Chaliand, Olivier Weber, Jean-Pierre Filiu et Robert Solé apportent leurs analyses dans Qui est Daech?[1].                                                                                                                 

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Leila Slimani écrit : « Quand j’étais enfant, au Maroc, nous apprenions le Coran à l’école. Une partie de l’après-midi était consacrée à réciter, par cœur les passages du livre saint. Pour être tout à fait honnête, j’ai presque tout oublié. Ne me restent que quelques litanies, dont je ne connais pas le sens. Et je m’en fiche »[2]. Elle ajoute: « Je n’ai jamais été nationaliste ni religieuse. J’ai toujours fui les mouvements grégaires. Mais Paris est ma patrie depuis le jour où je m’y suis installée.

C’est là que je suis devenue une femme libre, là que j’ai aimé, que j’ai été ivre, que j’ai connu la joie, que j’ai eu accès à l’art, à la musique, à la beauté. À Paris, j’ai appris la passion de vivre »[3]. La joie de vivre s’inscrit dans une liberté dont veulent nous priver les terroristes. Ils se placent dans un réseau Daech qui est : « Acronyme d’« État islamique en Irak et au levant », est une organisation terroriste d’idéologie salafiste qui prône le djihad armé. Elle est fondée par Abou Bakr Al-Baghdadi à partir d’une faction dissidente d’Al-Qaida, le 29 juin 2014 date concomitante avec le rétablissement du califat.

En 2015, l’état islamique (EI) est l’organisation djihadiste la plus puissante au monde en termes d’effectifs et de financement. Comment il est né? Initié par le Jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui après l’invasion américaine de 2003, suivie de la montée au pouvoir des chiites, le mouvement puise sa force dans la frustration des sunnites d’Irak largement marginalisés. Devenu chef d’Al-Qaida en Irak, cet ancien employé d’un vidéoclub de village parvient à raviver la rivalité historique entre sunnite et chiites. Souvent en opposition avec son supérieur, le chef spirituel Oussama Ben Laden, Al-Zarqaoui s’affranchit progressivement de la tutelle du grand réseau djihadiste. Lorsqu’il meurt sous une frappe américaine en 2006, Al-Zarqaoui a consolidé les bases du futur Etat islamique, dont l’émergence sera plus tard favorisé par le soutien logistique et financier de la Turquie et de certaines entités privées saoudiennes »[4]. Ce réseau nommé Daech tente de mettre le monde à genoux. L’Occident qui œuvre à contrer Daech est souvent heurté à des impasses, sachant que ce réseau auto-proclamé Etat islamique détient des sources financières incommensurables. Quand l’argent coule à flot les points de repère se perdent en rendant les plus forts impuissants.

[1] Ed/Le 1 /Philippe Rey, 2015.

[2] Id, p. 64.

[3] Ibid, p. 65.

[4] Qui est Daech? Eric Fottorino (Sous la direction), Ed/ LE 1/Philippe Rey, 2015, p. 83.     

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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