Al-Dar Al-Liberalya (La maison d’édition libérale) est une maison d’édition basée en Syrie et en Allemagne. Elle édite et diffuse des livres sur l’art, la culture, les religions, les mythologies ainsi que des traductions de livres de la littérature mondiale.

Dans la présentation de sa page Facebook, le fondateur de cette maison d’édition Georges Barshini se définit en tant qu’auteur laïc syrien. Coordinateur général du Parti ‘Adel (Justice), fondateur du mouvement Al-mār’a einsān (La femme est un être humain) et de l’association Dā’em (Soutien), il se considère comme un opposant culturel et non pas politique. Il répond à nos interrogations :

L’initiative : Comment est née votre maison d’édition ?

Georges Barshini : Nous avons fondé Al-Dar Al-Liberalya car aucune maison d’édition n’accepte d’éditer nos livres qui met en cause les thèmes religieux, les droits de la femme, etc. Dans le monde arabe, il n’existe plus une maison d’édition à tendance laïque. Malheureusement, les associations et mouvements islamistes soutiennent énormément des livres sur l’extrémisme religieux, en revanche, les auteurs laïcs ne reçoivent aucun soutien ni financier, ni moral.

Quelle est la ligne directrice de votre maison d’édition ?

La ligne directrice de notre maison d’édition porte plusieurs axes : le premier porte sur la critique constructive des religions, sur le refus de toute forme d’extrémisme religieux. Elle adopte des solutions culturelles visant à éliminer le terrorisme par la fermeté des pensées. Vu que l’Islam constitue la religion majeure dans les pays arabes, Al-Dar Al-Liberalya se prend en charge de critiquer les livres religieux qui incitent à la violence, elle favorise également la traduction des grands chercheurs occidentaux dans ce domaine tels que Patricia Crone, Michael Allan Cook, John Edward Wansbrough, ainsi que d’autres auteurs libéraux du monde arabe tel que Nabil Fayyad, Muhamed Al Mazoughi, Taha Hussein, Seyed Komni, Faraj Fouda, Wafaa Sultan, etc.

Le second axe s’intéresse aux livres philosophiques à partir des classiques jusqu’à la philosophie de l’athéisme contemporain. On traduit donc les livres de Sam Harris, Ayaan Hirsi Ali, Mohamed Arkoun, Mondher Sfar, Armin Navabi et les livres de la philosophie arabe à l’époque médiévale, notamment ceux de Abu Issa al-Warraq, Avicenne. Le troisième axe édite les livres de l’homosexualité et des droits sexuels y compris ceux des homos et des lesbiennes. Le quatrième axe est consacré à la définition et à la protection des religions opprimées dans le monde arabe notamment celles des minorités comme les Yézidis, le bahaïsme, etc.

Nous éditons des livres qui favorisent la cohabitation entre les religions monothéistes, d’autres livres sur la culture juive, le lien étroit entre le judaïsme, la chrétienté et l’Islam. Le cinquième axe est axé sur les droits des femmes dans le monde arabe, les livres sur la liberté d’expression, la démocratie, et qui entrent en harmonie avec les trois associations à but non-lucratifs qui n’ont pas obtenu d’autorisation officielle de la part de autorités syriennes, ce sont : le Parti ‘adel (Justice), Le mouvement Al-mār’a einsān (La femme est un être humain), l’association Dā’em (Soutien du Savoir).

Le sixième axe s’intéresse à diffuser la culture francophone. On traduit des livres de la littérature mondiale telle que la littérature française, américaine, allemande, etc.

Comment évaluez-vous l’état actuel de l’édition en Syrie ?

Comme nous travaillons en Syrie, bien avant la guerre déclenchée en 2011, nous échangeons avec les lecteurs arabes via les réseaux sociaux surtout nos pages Facebook suivis par plus de 500 milles personnes, nous organisons des signatures, des rencontres avec le public, etc. Nous pensons qu’en ces jours-ci, il y a un terrain fertile de l’édition en Syrie et dans la région du Moyen-Orient. Bien évidemment, l’édition rencontre des contraintes énormes liées au niveau de vie assez bas ; on ne peut pas vendre un livre à 20 euros car cette somme vaut le salaire d’un professeur d’université.

Ainsi, nous éditons 500 à 1000 exemplaires de chaque livre.

40% de nos livres sont diffusées gratuitement à plus de 500 lecteurs actifs dans les libraires en Syrie.

10% de nos livres sont offerts aux professeurs universitaires, aux étudiants en doctorat et en Master, aux intellectuels intéressés par la lecture.

30% des exemplaires sont diffusés aux libraires en Syrie, selon le coût de l’impression et sans aucun profil.

20% de nos livres sont diffusées au lecteur à l’extérieur de la Syrie et selon le prix mondial du livre. En même temps, nous faisons des soldes sur les ventes afin de garantir la diffusion de nos livres. Cette vente à l’extérieur du pays constitue la seule source qui assure réellement les coûts de l’impression.

Est-ce que vous collaborez avec d’autres maisons d’éditons ?

Al-Dar Al-Liberalya est en constante collaboration avec d’autres maisons d’éditions telle que Yasmina en Syrie Al-Rafedeen au Liban, elle diffuse ses livres dans les pays du monde entier à travers le site web de ventre électronique Nil wa Furat (https://www.neelwafurat.com).

Propos recueillis par Mountajab Sakr

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