Vous l’avez certainement constaté lors de vos passages aux stations-service, les prix d’essence ne cessent de grimper ces derniers mois, en tirant vers le haut les pressions inflationnistes (taux d’inflation est de 4,4%, septembre 2021). Pour l’ensemble du Québec, le prix de détail pondéré moyen de l’essence ordinaire pour la semaine du 18 octobre 2021 s’est élevé à 148,7 ¢/litre (bulletin de la Régie de l’énergie Québec, octobre 2021), soit une hausse de 0,45 $ par rapport à la même période l’an dernier. Il en est de même au niveau du pays, la hausse des prix de l’essence s’est généralisée. Le prix de détail pondéré moyen de l’essence ordinaire a atteint 1,45$ le litre la semaine du 12 octobre 2021 (Kent Group Ltd), représentant une hausse de 0,40$ par rapport à la même période en 2020. Comment expliquer cette courbe ascendante des prix de l’essence ? Et quelle sera la tendance de leur évolution à court terme ?

Comment expliquer la hausse des prix de l’essence ?

En effet, le prix au détail de l’essence à la pompe est composé des éléments suivants : prix du pétrole brut, marge de raffinage, marge de commercialisation, taxes (fédérale, provinciale et parfois municipale) et transport. Pour expliquer la hausse du prix de l’essence, il faut observer le mouvement de ses composantes.

La reprise de l’économie mondiale est plus vigoureuse que prévu selon l’OCDE qui prévoit une croissance au niveau mondial de 5,7% cette année et de 4,5% pour 2022. Au fur et à mesure que les économies se rouvrent, la demande augmente et tire à la hausse les prix des matières premières essentielles, notamment le pétrole brut. À Londres, le prix du baril de WTI a franchi, lundi 25 octobre, 85 dollars pour la première fois depuis octobre 2014. La hausse du prix du pétrole brut, qui se répercute sur les prix de l’essence à la pompe, s’explique par la hausse de la demande sur cette source d’énergie dont l’offre en la matière ne suit pas la cadence (stratégie d’augmentation graduelle de l’offre de l’OPEP+ de l’ordre de 400 000 barils par jour, chute des investissements dans l’exploration et la production d’hydrocarbures de l’ordre de 30% en 2020 selon le cabinet Rystad Energy, lente reprise de certains sites de production…).

Du côté de raffinage, la structure du marché est composée de grands acteurs exploitant les 16 raffineries du pays (Suncor, Valero, Shell, Impérial…) et qui jouissent d’une grande marge de manœuvre dans l’établissement des prix. Selon la Régie de l’énergie du Québec, la marge de raffinage représente 10,8% du prix de l’essence dans la province.

Quant à la taxation, le prix de l’essence que le consommateur paye à la pompe comporte des taxes fixes par litre vendu indépendamment du prix (taxe d’accise du gouvernement fédéral de 10 ¢/litre et taxe sur les carburants provinciale qui est de 19,2 ¢/litre au Québec) et des taxes de vente dont le montant varie en fonction du prix de l’essence (TPS et TVQ au Québec). À cela, il faut ajouter certaines taxes spéciales en fonction de la localisation géographique de la station (à Montréal, le consommateur paye une taxe supplémentaire de 3 ¢/litre pour financer le transport en commun). En somme, l’ensemble de ces taxes représente plus de 40% du coût de litre d’essence payé à la pompe.

Comment les prix de l’essence évolueront-ils à court terme ?

La tendance des prix de l’essence à court terme dépendra de l’évolution du prix du pétrole et de la demande en carburant avec la reprise économique. La fermeté des prix du pétrole sera maintenue en raison de plusieurs facteurs (baisse des stocks aux États-Unis, stratégie de l’OPEP+, lente reprise de la production dans le golfe du Mexique, reprise des vols européens vers les États-Unis, hausse des prix du gaz naturel en Europe et en Asie…) et les spécialistes prévoient un baril à 100$ cet hiver. Dans ce contexte, les prix de l’essence se rapprocheraient du cap du 2$ le litre avec l’hiver qui s’en vient ! 

Sofiane Idir

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