En plus de l’incertitude entourant la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, la guerre commerciale menée à tambour battant par les États-Unis contre plusieurs pays, y compris son partenaire de choix le Canada, laisse planer à court terme des conséquences négatives sur les économies des pays protagonistes. En effet, la décision de l’administration Washington de ne plus exempter le Canada des tarifs douaniers sur les importations d’aciers et d’aluminium (respectivement 25% et 10 %) et la réplique similaire d’Ottawa, imposant un tarif de 25% sur les produits d’aciers et de 10% sur une liste de produits divers américains, notamment alimentaires et agricoles, ne seront pas sans conséquences sur les économies fortement intégrées des deux pays. Quels impacts occasionneront-elles tensions commerciales sur l’économie canadienne ?

Les conséquences du protectionnisme américain sur l’économie canadienne

Les économistes de la Banque Scotia, dans un rapport publié en juin 2018, ont essayé d’évaluer les conséquences de l’escalade du protectionnisme des États-Unis sur l’économie canadienne. Dans un scénario d’une montée des tensions commerciales entre les deux pays partenaires, l’économie canadienne subirait un recul de 1,8 % en 2020. Ce risque de récession toucherait, selon la même étude, les trois pays membre de l’ALENA, dont les économies sont étroitement interdépendantes.

À court terme, si ces tensions perdurent, le pouvoir d’achat des Canadiens serait affecté en payant plus cher un panier élargi de biens de consommation venant des États-Unis, à moins que les Canadiens boycottent les produits du pays de l’oncle Sam en signe de protestation contre la politique protectionniste de Donald Trump. Cette éventuelle dégradation du pouvoir d’achat des Canadiens pourrait être aggravée par l’augmentation des coûts de toute production nationale utilisant des inputs américains touchés par les représailles tarifaires. Les effets sur l’emploi de cette escalade tarifaire seront bien réels, notamment au niveau des PME qui pourraient être en manque de moyens pour s’ajuster à cette conjoncture, ce qui les contraint à ralentir leurs activités et à flanquer dehors leurs employés.

Aussi, cette guerre commerciale d’une durée indéterminée sème un climat d’incertitude et met les entreprises dans l’attentisme en différant toute décision d’investissement. Cette incertitude est exacerbée par le processus de renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain qui demeure dans un état d’inertie.

Les choses pourraient s’aggraver et l’économie mondiale en pâtirait-elle ?

La guerre commerciale menée sur plusieurs fronts par la Maison-Blanche au nom de la sécurité nationale et les ripostes illico des alliés et de la Chine pourraient nuire à l’économie mondiale dont le degré d’intégration est de plus en plus grandissant.

Le directeur de l’Organisation mondiale du commerce, Roberto Azevedo, dans une déclaration écrite à Genève le 23 mars 2018, a mis en garde les deux premières puissances mondiales, Washington et Pékin, contre leur bras de fer commercial. Il a affirmé que la déstabilisation des flux commerciaux mettra en péril l’économie mondiale dont la reprise demeure fragile.

En effet, dans un contexte d’interdépendance économique mondiale, l’approche de l’administration Trump voulant protéger les producteurs d’acier et d’aluminium est loin de faire l’unanimité, et a ouvert la porte à des représailles qui pourraient affecter sérieusement d’autres secteurs économiques à l’échelle mondiale par l’inéluctable d’effet domino. Faut-il rappeler que les guerres commerciales dans une économie mondialisée ne garantissent aucune victoire, tous les joueurs auraient à y perdre !

Sofiane Idir

Read previous post:
Distraction au volant : Cause aggravante des accidents de la route

Avec l'arrivée des jours les plus lumineux de l'été s'amorce la période la plus sombre de l'année sur les routes...

Close