Le métier de chauffeur de camion est très en demande au Québec d’autant que les départs à la retraite nécessiteront de laisser la place à la relève. Beaucoup se demandent à quoi ressemble ce métier qui consiste à conduire des camions lourds pour le transport de marchandises, de déménagement, de distribution, de services sur les routes provinciales, urbaines ou internationales.

Pour cette raison nous avons décidé de rencontrer Monsieur Stéphane Samoisette, un père de famille qui passe beaucoup de temps sur la route. La trentaine passée, il confie devoir trouver un équilibre entre sa vie de famille et sa vie professionnelle. Détenteur d’un permis de Classes 1-2-3-4A-4B-4C-5 depuis 2006, il travaille depuis quatre ans pour la compagnie de Transport Germain Philie qui compte une quinzaine d’employés. Lorsqu’il fait beau, il fait du transport de marchandises et lorsqu’il neige, il fait du transport de neige.

C’est dans ces conditions de froid intense et de verglas que nous avons accompagné le 23 janvier dernier, Monsieur Samoisette dans son travail pour transporter des tonnes de neige. Ce soir-là, le douze roues qu’il devait conduire avait des soucis techniques et nous fûmes obligés de faire un passage au garage pour remédier à la panne.

Après une heure de vérifications, nous étions fins prêts pour procéder au transport de la neige. À cette occasion, il a gentiment accepté de répondre à quelques questions :

L’initiative : À quoi ressemble une journée type de travail?

Stéphane Samoisette : Premièrement, il n’y a pas d’heures précises. La journée peut débuter à 2 heures du matin comme à 5 heures de l’après-midi. Si on fait du local (c’est à dire travailler dans la même localité ndlr), on revient chez nous le soir comme en ce moment. Ce soir, j’ai un camion douze roues, nous allons faire du chargement de neige et nous allons la décharger au dépotoir à neige. Si on sort de notre périmètre, on appelle cela de la longue distance, à ce moment-là, on couche dans notre camion. En semi-remorque ce sont des journées de 15 heures par jour ou 70 heures maximum par semaine. Il faut par contre avoir deux jours de repos mais en réalité c’est 36 heures seulement.

Quelles sont les procédures à suivre avant de partir pour débuter votre travail comme ce soir?

Je dois faire une inspection visuelle du véhicule. Je dois m’assurer que toutes les lumières fonctionnent et que les miroirs et les vitres sont propres comme ce soir, car il y a de la pluie verglaçante.

Lors de l’inspection, je me suis rendu compte qu’il y avait des lumières qui ne fonctionnaient. Donc, je devais retourner au garage pour faire réparer le problème électrique par le mécanicien. Cela a occasionné un délai qui était imprévisible.

Combien de poids de neige pouvez-vous prendre dans ce type de camion?

Vingt tonnes au maximum. Il faut ajouter le poids du véhicule et nous serons à environ trente-quatre tonnes. Nous avons des cadrans de pesanteur, cela nous aide à ne pas dépasser le nombre de tonnes permis, faute de balance.

Combien de voyages devez-vous faire par heure?

Normalement, c’est trois à quatre voyages à l’heure. C’est donc beaucoup d’ouvrage.

Quels sont les permis de conduire qui sont nécessaires pour avoir l’autorisation de conduire ces camions?

Pour les douze roues pour la neige comme ce soir, c’est la Classe 3 automatique et la Classe 3 manuelle. Pour conduire les autobus, il faut avoir un permis de Classe 2. Maintenant tous les autobus sont automatiques et pour les semis il faut détenir un permis de Classe 1 avec conduite manuelle ou semi-automatique.

Préférez-vous faire des courtes ou des longues distances?

Je suis polyvalent, j’aime faire de tout. Ainsi, je ne manque jamais d’ouvrage. L’été je fais du transport de marchandises autant au Canada qu’aux États-Unis et l’hiver, c’est le transport de neige.

Quelle sont les conseils que vous donneriez à quelqu’un qui voudrait devenir camionneur?

Certaines personnes préfèrent rester dans un bureau. D’autres préfèrent être sur le terrain. Si quelqu’un veut faire ce métier, je lui dirais d’embarquer avec un camionneur, ça aiderait beaucoup. De cette façon, la personne pourrait vraiment voir comment cela se passe dans la réalité. Plusieurs disent que c’est beau, car c’est sur la route. Mais après une journée ils se rendent compte qu’ils n’aiment pas cela. Ce n’est pas donné à tous de partir 12 ou 15 heures par jour. Il faut conduire et avoir de l’attention en continue. Moi, j’ai ma petite famille, ma femme est maman à la maison et mon petit garçon de huit ans va à l’école. Ce n’est pas facile, mais on s’arrange, car tu ne peux pas dire à ton patron, je dois finir à trois heures de l’après-midi pour aller chercher le petit à l’école. Si tu restes pris dans le trafic, ou si tu as un problème mécanique comme ce soir, plusieurs choses peuvent arriver. Malgré tout, cela demeure un métier passionnant.

Propos recueillis par Carole Dumont

TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR
Association du camionnage du Québec en chiffres[1]
50.1 % Transporteurs publics
37.7 % Fournisseurs de produits de services
12.2 % Transporteurs privés
40,000 emplois
Chiffres annuel 2,5 milliards de $
Pré-requis d’embauche
Diplôme d’études Professionnelles (DEP)
OU
Formation de conduite de camion donnée par une école de conduite reconnue.
Permis de conduire de la classe appropriée délivré par l’Assurance-Automobile du Québec (SAAQ)[2]
Aptitudes pour le service à la clientèle
Aucun casier judiciaire
Bilinguisme requis dans la majorité des cas
Aimer voyager en solitaire
[1] carrefour-acq.org
[2] ctq.gouv.qc.ca

A lire aussi : 

Opérations de déneigement : Une machine bien huilée!
https://linitiative.ca/oerations-de-deneigement-une-machine-bien-huilee/

Read previous post:
La réalité trop souvent oubliée des proches aidants : Un urgent besoin de reconnaissance

Ils sont nombreux, et trop souvent laissés pour compte. C’est un fils qui s’occupe quotidiennement d’un père atteint de la...

Close