Les répercussions de la guerre en Ukraine sont au-delà des souffrances humaines pour affecter l’ensemble de l’économie mondiale. « Le conflit est un coup dur pour l’économie mondiale : il va nuire à la croissance et entrainer une hausse des prix », c’est ce que révèle une étude du FMI, publiée sur son blog, le 15 mars dernier.

Étant donné que la Russie et l’Ukraine sont d’importants producteurs de matières premières (pétrole, gaz, céréales, métaux…), cette guerre n’a pas tardé à provoquer une flambée des prix mondiaux de l’énergie, des céréales et des métaux. Les répercussions d’un tel conflit ne se bornent pas à ces hausses des prix, elles se manifestent également à travers d’autres effets directs et collatéraux (perturbation des chaines d’approvisionnement, arrêt des transferts de fonds, chute boursière, incertitude, perte de confiance…).

Le Canada, ayant peu de liens avec l’Ukraine et la Russie, les effets directs de ce conflit sur son économie sont attiédis, néanmoins, les lourdes sanctions de l’Occident contre la Russie pourraient avoir un impact important sur l’économie canadienne.

Les effets collatéraux de la guerre en Ukraine sur l’économie canadienne : risques et opportunités

En effet, la guerre en Ukraine peut avoir un impact important sur des secteurs économiques canadiens ayant trait aux exportations russes et ukrainiennes.

En matière d’énergie, il est à rappeler que la Russie est le troisième producteur mondial de pétrole et le deuxième producteur de gaz du monde, il fournit jusqu’à 40% de l’énergie consommée par l’Europe. L’embargo aux importations russes fait flamber les prix des hydrocarbures, en ouvrant la voie aux pays producteurs de pétrole et de gaz pour s’octroyer des parts de marché. Produisant près de 5 millions de barils de pétrole par jour et 185 milliards de m3 de gaz par an, le Canada (quatrième producteur de pétrole et de gaz au monde) est appelé à remplacer le pétrole et le gaz russes importés par les États-Unis, suite à la décision du président américain Joe Biden d’interdire l’importation de produits énergétiques russes. Quoique les producteurs canadiens de sables bitumineux tournent à plein régime et l’augmentation de leur capacité ne soit pas une chose réalisable rapidement, le Canada, déjà le premier exportateur vers les États-Unis en 2021 (4,3 millions de barils par jour), est prêt à fournir jusqu’à 400 000 barils supplémentaires par jour, selon Tristan Goodman, président du groupe industriel de l’Association des explorateurs et producteurs du Canada.

Un autre chapitre dans lequel le Canada pourrait arracher des parts de marché est celui du fleuron des céréales, le blé. La Russie et l’Ukraine figurent parmi les cinq premiers exportateurs de blé dans le monde en 2020, avec respectivement 37,3 et 18,1 millions de tonnes (Statista). Le Canada, troisième exportateur mondial (26,1 millions de tonnes en 2020), pourrait en partie remplacer le blé de la Russie et de l’Ukraine en augmentant ses capacités de production.

D’autres opportunités pour le Canada viennent d’un composant quasi présent dans tous les segments de l’économie mondiale (constructions, emballages, électroménagers, transports…), à savoir l’aluminium. Le Canada est le quatrième producteur d’aluminium de première fusion en importance du monde, avec une production de 3,12 millions de tonnes en 2020, derrière la Chine, la Russie et l’Inde. Les dix alumineries de première fusion au Canada, dont neuf situées au Québec, peuvent profiter de l’arrêt des exportations russes et surtout de l’explosion des prix ayant atteint un sommet historique (3 382,50 $ US la tonne).

Par ailleurs, l’économie canadienne, encore convalescente de la Covid, traine une inflation galopante (taux d’inflation est de 5,7 % en février, Statistique Canada) qui, conjuguée au ralentissement de la croissance (Banque du Canada prévoit une croissance de 4% en 2022, un taux qui pourrait être amputé de quelques points si la guerre durait plus longtemps), pourrait plonger l’économie du pays dans ce que les économistes appellent la stagflation (situation où la croissance est faible ou nulle, accompagnée d’une forte inflation). Ce risque serait plausible si la guerre en Ukraine occasionnait des perturbations graves et durables des chaines d’approvisionnement.

Sofiane Idir

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