« Féministe, tant qu’il le faudra ! », c’est un slogan qui est inscrit sur un macaron appartenant à soeur Nicole Jetté, membre de la Congrégation des Sœurs Auxiliatrices du Québec. Elle le porte fièrement. Celui-là, on l’a retrouvé dans une enveloppe qui en contient des dizaines, où l’on peut lire les mots « macarons » et « solidarité ». Comme se plaît à le dire soeur Nicole, chacun de ces items pourrait nous donner assez de matériel pour écrire l’histoire de la solidarité et des luttes pour la justice sociale au Québec. Aujourd’hui, il semblerait que lutte sociale et religion ne vont pas de pair, mais c’est mal connaître l’histoire de la religion au Québec.

Ce qui s’est passé, c’est que la modernité est arrivée au Québec avec ses gros sabots, et qu’elle a mis dehors la tradition et la religion, ou, comme on dit, qu’elle a jeté le bébé avec l’eau du bain. On en ressent aujourd’hui les effets avec le débat sur la laïcité de l’État par exemple, et son lot – son gros lot ! –  de xénophobie ainsi que de commentaires et d’actes haineux. La laïcité est bienvenue; la haine des religions, non. Avec un peu de recul, il semble qu’on est allé un peu trop loin.

Avec ce premier long métrage documentaire, le réalisateur Maxime Faure remet les pendules à l’heure. Il revient sur une époque qui semble révolue, par l’entremise de touchants et sincères témoignages de quatre « Auxis » : Gisèle, Suzanne, Marie-Paule et Nicole. Chemin faisant, Faure retrace l’histoire des mouvements populaires et des engagements sociaux de ces militantes féministes courageuses. Vous rappelez-vous de la Marche Du pain et des roses réalisée en 1995 afin de lutter contre la pauvreté ? Les Auxis ont marché avec des milliers d’autres femmes et y ont activement participé.

De plus, les religieuses nous font part de leurs réflexions théologiques, mais également de leurs défis en tant que femmes dans un monde gouverné par des hommes ainsi que de leur engagement social envers tous les marginalisés, d’ici et ailleurs. De cette manière, leur parcours sort des sentiers battus et, aujourd’hui confrontées à un déclin démographique inéluctable et l’absence de nouvelles vocations, elles réfléchissent à haute voix sur l’avenir de la Congrégation. Inéluctable? Inévitable, c’est la fin de la vie sur terre, mais s’il y a une vie après la vie, celle-ci va certainement se prolonger sous d’autres formes, telles les branches d’un arbre. Et les Auxis en ont planté un très robuste au pays. Voilà le portrait qui a été dépeint avec grande sensibilité et respect par le jeune réalisateur Maxime Faure : des femmes croyantes et militantes pour plus de justice sur terre.

Ainsi soient-elles | Réal. : Maxime Faure | France, Canada (Québec), 2019 | français, S.T. anglais | 75 min

Eduardo Malpica Ramos

 

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