Né en 1988 Mokhtar Amoudi est analyste en gouvernance d’entreprise. Il publie son premier roman intitulé Les conditions idéales[1].

Un titre à contre-sens

Dès le début le lecteur s’attend à aller vers un texte où le sens de l’idéal est omniprésent or le titre va à contre-sens. C’est-à-dire que Skander, le personnage principal est mis dans des maisons d’accueil dès son jeune âge. Sa mère Nora a déjà fait la prison, elle qui a le syndrome de Diogène. Il est en quête perpétuelle d’affection, d’attention. La femme qui s’occupe de lui se prénomme Khadidja. D’origine marocaine, elle vit à Courseine, en banlieue parisienne. Rémunérée pour le travail qu’elle exerce, elle ne transmet pas forcément l’éducation dont il a besoin.

Partagé entre la frustration et l’ambition

Tout au long de la lecture, Skander manifeste le besoin de voir sa mère. Le manque est tangible dans un univers où ce qui importe c’est juste l’argent. En effet le personnage principal est dans une grande frustration. Il aime lire, s’instruire mais les mauvaises fréquentations l’ont mis au milieu de la drogue et du trafic. Ce contexte donne des pistes de réflexions quant à l’avenir des enfants qui ne vivent pas avec leurs parents. Ils sont placés dans des foyers où leur mal-être est rarement remarqué. Ils vivent un vide intérieur qu’ils essayent de combler par des choses illicites. Mokhtar Amoudi aborde un thème récurrent. Celui qui met l’enfant au cœur des débats. Il absorbe ce qu’il reçoit et le transforme à sa manière. Parfois les conséquences sont dévastatrices lorsqu’il se sent abandonné par celle qui l’a mis au monde. Dans les conditions de vie qui sont loin d’être idéales, Skander se démène comme il peut pour donner un vrai sens à sa vie. Malgré toutes les difficultés, il réussit: « Le bac, je l’ai eu. Pourtant ce ne fut pas simple. Dès l’épreuve de philosophie, à peine assis, je sentis mon ventre se fissurer. « Le but de l’Histoire, est-ce seulement de lutter contre l’oubli ? » (P.244).

Entre la douleur qui tue à petit feu et l’ambition qui hisse l’enfant, le roman de Mokhtar Amoudi est porteur d’espoir.

Lamia Bereksi Meddahi

[1] Mokhtar Amoudi, Les conditions idéales, Ed/Gallimard, 2023, 246 pages.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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